Le 12 mai 2010
Le Ministère de l’agriculture : le Mururoa
de l’EN ?
Lors de la CSL (commission spécialisée lycées)
du 28 avril, puis au CSE (conseil supérieur de l’éducation)
du 12 mai, ont été examinés différents projets
d’arrêtés portant sur des référentiels
de baccalauréats professionnels du ministère de l’agriculture
(MAAP).
Dès la CSL, le SNEP a contesté les distances considérables
prises par ces textes avec l’arrêté sur le programme
EPS de bac. pro.du 10/02/2009, pourtant cité comme texte de référence.
Le SNEP a contesté l’écriture générale
de la partie des référentiels concernant l’EPS, avec
des concepts flous, des notions comme celle, controversée, abstraite
et non spécifique à l’EPS de «motricité» mise à toutes
les sauces : exemple, la capacité générale,
qui définit le « module », est titrée «développer
sa motricité» (écrit ainsi, ce n’est pas spécifique à l’EPS :
en apprenant à faire fonctionner une moissonneuse batteuse, on
développe aussi sa motricité !). Est reprise l’appellation «compétence
motrice», non-sens scientifique : dans les textes de l’éducation,
est entérinée l’idée qu’une compétence
est un ensemble composite de connaissances, capacités et attitudes,
et donc dépasse largement la «dimension motrice».
C’est une réécriture générale
que ce texte nécessiterait, mais le SNEP a concentré ses
interventions et propositions d’amendements sur quelques problèmes
significatifs :
1/ Alors que la question concernant
l’appellation
des activités de références avait été tranchée
lors des débats sur le programme LP, le MAAP transforme le sigle
APSA, qui est ancré dans la profession et dans les formations,
par celui d’APSAES (activités physiques sportives, artistiques
et d’entretien de soi). La notion d’entretien de soi est
contestée et contestable comme mode de regroupement d’activités
sociales, il est pour nous inacceptable de l’entériner comme
une évidence, en marge de toute réflexion professionnelle
et scientifique, mettant ainsi les référentiels des lycées
agricoles en marge des autres.
2 / Le texte rend obligatoire
le travail sur la compétence propre centrée sur l’entretien et le développement
de soi alors que ce «passage obligé» n’a été introduit,
contre notre avis, que dans les programmes des lycées généraux
et technologiques. Nous avons demandé qu’on en reste à l’incitation
contenue dans le texte du 10 février 2009 pour les LP qui demandent
une «attention particulière» concernant les activités
de pleine nature, les activités artistiques et acrobatiques et
celles centrées sur l’entretien et le développement
de soi.
3/ La notion de développement de l’élève
au plan culturel disparaît. |
4/ Alors même
que les conditions d’enseignement offrent un volume horaire inférieur
pour l’EPS en bac professionnel au MAAP par rapport à l’EN,
les textes MAAP introduisent l’obligation de passer au minimum par
4 compétences propres sur la scolarité alors que l’exigence
n’est que de 3 dans le texte général.
Retrouvez
l'ensemble des amendements déposés par le SNEP au CSE
Refus de prendre en compte l’avis du CSE
Le SNEP a adressé ses remarques et propositions de modifications
au MAAP, aux IPR EPS de ce ministère, à l’IG EPS, au
MEN. Alors que le MAAP avait demandé à ses IPR-EPS de revoir
le texte, aucune évolution de celui-ci n’a été proposée
par l’administration devant le CSE. Le SNEP y a donc présenté des
amendements qui étaient pour l’essentiel la reprise des formulations
du texte programme général EPS en bac pro (voir amendements
précis sur le site). Ils ont tous reçus un avis favorable
du CSE :
- Retour à APSA au lieu d’APSAES : Pour :
12 ; contre : 0 ; abst : 23 ; RV :12
- Objectif du module : « Acquérir des compétences
motrices pour devenir un citoyen culturellement, physiquement
et socialement éduqué » : Pour :
35 ; contre : 0 ; abst : 7 ; RV : 4
- Supprimer l’obligation de passage par la compétence N°5
en bac pro: Pour : 28 ; contre :0 ; abst : 9 ;
RV : 12
- Reprise de la formulation du texte général « dans
la mesure du possible les 5 CP et a minima 3 d’entre elles » :
Pour : 39 ; contre :0 ; abst : 7 ; RV :
4
- Reprise des objectifs de formation tels que formulés dans le texte
général (intégrant par ex. « développer » en
plus de seulement « mobiliser ses ressources » :
Pour : 21 ; contre : 1 ; abst : 18 ; RV :
10
Le MAAP a refusé l’intégration des
amendements et a maintenu le texte en l’état !
Le MAAP, un terrain d’expérimentation :
Nous avons toutes les raisons d’être inquiets, en effet, le
ministère de l’agriculture est très souvent le lieu
d’expérimentation d’éléments qui sont
ensuite imposés à l’éducation.
Or l’EPS y est particulièrement malmenée. Après
la volonté de faire enseigner des éléments de SVT
aux profs d’EPS avec les référentiels et l’organisation
des lycées agricoles, la suppression de l’EPS pour la certification
du BEP agricole, la décision de n’attribuer que 2h d’EPS
en 1ère et term Bac pro, contrairement aux 3h à l’EN ! … Ce
sont donc maintenant les programmes de l’EPS qui sont transformés
contre l’avis du CSE …
Or, refuser de revenir à APSA, refuser de dire qu’en EPS
on cherche à former des jeunes « culturellement » éduqués,
en rester à « mobiliser ses ressources » mais
ne pas vouloir les « développer » dans le
cadre scolaire ; préférer un texte qui dit que « la
CP5 est un passage obligé en bac pro » à un texte
qui dit qu’il faut pour les élèves de bac pro « porter
une attention particulière sur les APPN, les activités artistiques
et acrobatiques et sur celles centrées sur l’entretien et
le développement de soi » constituent pour nous autant
d’éléments significatifs de réorientations profondes
de l’EPS. Plusieurs autres textes viennent d’être examinés
au MAAP qui tous portent cette orientation.
A quand la mise en avant de ces décisions du MAAP pour les imposer à l’EN ?
Nous poursuivons l’action auprès du ministère
de l’agriculture pour que les décisions concernant l’EPS
y soient conformes aux besoins de la discipline, des jeunes et aux demandes
des enseignants, concernés.
Serge Chabrol
Un texte sous influence ?
Au CSE, suite à notre intervention, l’administration de
l’agriculture s’est justifiée ainsi : « Nous
avons demandé aux IPR-EPS d’examiner les remarques et
propositions faites par le SNEP ; ces points ont été expertisés
avec l’inspection générale EPS et il n’y
a aucune contre indication (sic) dans le texte de l’agriculture
avec le texte général, nous ne proposons donc aucun changement ».
L’Inspection générale EPS de l’EN, interpellée,
conteste cette déclaration du MAAP et affirme qu’elle
n’a aucune influence sur les textes du MAAP pour lesquels elle
n’est pas consultée.
Quoi qu’il en soit, on peut penser que les IPR-EPS de l’agriculture,
qui ont écrit ce texte, sont influencés par les discussions
auxquelles ils participent avec l’IG-EPS et avec les IPR-EPS
de l’EN et se sont sentis porteurs d’une ligne largement
partagée dans le corps d’inspection !
Ce qui ne peut que nous inquiéter ! |
"APSADESDESDCMRAE" ?
A quand l’appellation des activités de référence
pour l’EPS : activités physiques, sportives, artistiques,
de développement et d'entretien de soi, de développement
et d'entretien de la santé et de développement d'une
citoyenneté motrice respectant les autres et l'environnement" (car
l'environnement... c'est important!, … surtout au MAAP) ! |
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